Vendredi, Octobre 10, 2025
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Le général de 40 ans, qui a conduit le gouvernement de transition après la mort de son père, Idriss Déby, en avril 2021, a été élu début mai, au terme d’un scrutin très contesté.
Le président tchadien, Mahamat Deby Itno, participe à sa cérémonie d'investiture, à N'djamena, le 23 mai 2024. MOUTA (AP)
 
La main levée, l’air solennel et tout de blanc vêtu, Mahmat Idriss Déby a juré, jeudi 23 mai, de « respecter la Constitution » du Tchad. « Le contrat de confiance qui a été scellé ne sera jamais trahi », a déclaré le général de 40 ans, élu début mai après un scrutin dont le résultat est contesté par l’opposition.
 
Ce serment pris devant sept chefs d’État africains et une vingtaine de délégations gouvernementales marque l’achèvement de la transition tchadienne et le maintien au pouvoir pour les cinq prochaines années du fils d’Idriss Déby Itno, au pouvoir pendant 30 ans, de 1990 jusqu’à sa mort en avril 2021.
 
Cette légitimité des urnes, celui qui a pris la tête du pays en dehors de tout cadre constitutionnel l’a longtemps recherchée. Quitte à revenir, après la tenue d’un dialogue inclusif avec les partis de l’opposition et la société civile, sur la promesse de rendre le pouvoir aux civils,  en violation des principes édictés par la charte de l’Union africaine (UA).
 
Depuis, les relations n’ont cessé de se détériorer entre N’Djamena et l’organisation continentale, en particulier avec le président de la Commission paix et sécurité, le Tchadien Moussa Faki Mahamat que le pouvoir de N’Djamena suspecte d’avoir des ambitions présidentielles. Ce dernier n’a pas assisté à la prestation de serment du nouveau chef de l’Etat jeudi. En lieu et place, la Commission de l’UA est restée ferme sur sa position et a déploré le refus de N’Djamena d’accueillir ses observateurs électoraux dans un communiqué publié mardi.
 

Un partenaire stratégique pour la France

 
Durant les trois années écoulées, la transition a pourtant bénéficié d’une grande mansuétude de la part du reste de la communauté internationale et en premier lieu de la France. Aux obsèques du maréchal Idriss Deby, la présence d’Emmanuel Macron, seul chef d’Etat occidental à avoir fait le déplacement, avait été interprétée comme l’adoubement d’une succession dynastique. Ce jeudi pour l’investiture du fils, Paris était représentée plus discrètement par Franck Riester, ministre délégué chargé du commerce extérieur, de l’attractivité, de la francophonie et des Français de l’étranger.
 
La France maintient stationnés un millier de soldats au Tchad et reste un partenaire stratégique dans une région balayée par un vent de néosouverainisme et de rejet de la politique française qui a poussé successivement le Mali, le Burkina Faso et le Niger à demander le retrait des troupes tricolores du Sahel, rapidement remplacées par des paramilitaires russes. Dans ce contexte, la visite à Moscou, en janvier, de Mahamat Idriss Déby avait été scrutée avec inquiétude dans les chancelleries occidentales.
 
Après le scrutin présidentiel de mai, Vladimir Poutine avait promptement félicité le nouvel élu sans attendre la proclamation des résultats définitifs et N’Djamena attendait la venue d’Alexandre Fomine, vice-ministre russe de la défense à l’investiture. Mais, pour une raison inconnue, ce dernier n’a finalement pas fait le déplacement.
 

Contestation des résultats

 
Les États-Unis étaient représentés par leur ambassadeur au Tchad, Alexander Laskaris. Peu après l’élection, le département d’État américain a, par un communiqué, souligné des « lacunes préoccupantes » dans le processus électoral, le « manque d’inclusivité des institutions » - largement dominées par l’ancien parti au pouvoir -, et partagé les « préoccupations légitimes » de l’opposition concernant la « transparence » du scrutin. En tête de cette contestation, le parti Les Transformateurs a tenté de faire annuler le scrutin, faisant valoir le grand nombre d’irrégularités constatées par ses militants.
 
Mais son recours a été rejeté par le Conseil constitutionnel, présidé par Jean-Bernard Padaré, l’ancien porte-parole du Mouvement patriotique du salut (MPS), le parti fondé par Idriss Deby. Arrivé deuxième à l’élection présidentielle avec 18 % des suffrages, Succès Masra, le leader des Transformateurs et ex-premier ministre de Mahamat Déby, n’a toujours pas accepté les résultats officiels bien qu’il ait concédé avoir épuisé les voies de recours légales.
 
Il n’a finalement pas tenté le bras de fer en lançant ses militants dans la rue comme il l’avait fait le 20 octobre 2022, lorsque la répression des manifestations contre la junte avait fait entre 73 et 300 victimes selon les bilans. « Plus de gouvernement d’union nationale » Peu enclin à occuper le siège réservé au premier ministre lors de la prestation de serment, Succès Masra a démissionné de son poste la veille, mettant ainsi un terme à cinq mois de cohabitation sans grand pouvoir.
 
Celui qui se présentait comme le « copilote de la transition » se retrouve ainsi évincé du cockpit et doit aujourd’hui se trouver une nouvelle place sur l’échiquier politique. À ce sujet, Mahamat Déby a été on ne peut plus clair lors du banquet célébrant sa victoire le 17 mai : « C’est une nouvelle page avec le retour à l’ordre constitutionnel. Plus de gouvernement d’union nationale.
 
J’exécuterai mon programme avec ma coalition », en référence aux 231 partis politiques et aux anciens groupes armés qui ont soutenu sa candidature.
 
Mais c’est un profil plus technocratique que politique qu’à finalement choisi Mahamat Deby en nommant premier ministre l’ambassadeur Allamaye Halina, ancien ancien chef du protocole de son père qu’il décrit comme un « grand frère » et un « fidèle parmi les fidèles ».
Source Le Monde | Carol Valade

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