Vendredi, Octobre 10, 2025
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Le 6 mai, le principal opposant tchadien, devenu premier ministre en janvier, fera face au président de la transition, Mahamat Idriss Déby, lors d’une présidentielle qui s’annonce plus ouverte qu’attendue.
 
Le premier ministre tchadien et candidat à la présidence, Succès Masra, lors d’un meeting de campagne à Moundou, dans le sud du pays, le 28 avril 2024. JORIS BOLOMEY / AFP
 
Au Tchad, le président de la transition Mahamat Idriss Déby, fils du défunt Idriss Déby Itno qui a régné plus de trois décennies sur le pays d’une main de fer, affrontera lundi 6 mai dans les urnes son premier ministre et principal rival Succès Masra. Annoncé comme joué d’avance en faveur de Mahamat Déby, le scrutin est apparu plus incertain lors des derniers jours de campagne, alors que Succès Masra, 40 ans, a massivement rassemblé lors de sa tournée dans le pays.
 
L’opposant devenu premier ministre jouera-t-il la rue contre le régime si l’élection lui semble fraudée, au risque de provoquer des manifestations comme celles du 20 octobre 2022, réprimées dans le sang ? Ou tente-t-il simplement de faire « monter les enchères » pour conserver son poste ? A trois jours du scrutin, il a reçu Le Monde dans sa maison de N’Djamena.
 
Dans quel état d’esprit êtes-vous avant le premier tour de la présidentielle, lundi 6 mai ?
 
Succès Masra Le changement au Tchad est non seulement indispensable mais inévitable. On a vu l’enthousiasme autour de ma candidature durant cette campagne. Cette envie de changement doit pouvoir s’exprimer de manière massive.
 
Fin avril, l’Agence nationale de gestion des élections (Ange), chargée d’organiser le scrutin, a dénoncé une « escalade verbale » et appelé les candidats à la retenue. Êtes-vous inquiet du climat politique ?
 
Si escalade il y a, elle ne vient pas de nous. Nous avons mené une campagne pacifique, argument contre argument, projet contre projet. Malheureusement, certains locaux de notre parti Les Transformateurs ont été brûlés et des militants ont été arrêtés. Nos adversaires tentent de faire pression car il y a une très forte mobilisation populaire en notre faveur.
 
Vous avez appelé vos militants à la « vigilance » lors du vote. Craignez-vous que celui-ci ne se déroule pas de façon transparente ?
 
Je suis un homme prévoyant. La confiance en nos institutions n’exclut pas que nous les contrôlions. Selon la loi, chaque citoyen a le droit d’assister au dépouillement, c’est ce qu’il y a de mieux à faire pour éviter tout soupçon de manque de transparence.
 
Vous êtes premier ministre depuis le 1er janvier. S’il y a des dysfonctionnements, n’en serez-vous pas en partie responsable ?
 
Ma nomination à la tête du gouvernement est un des éléments qui crédibilise le processus électoral. Si je n’étais pas là, ça aurait été pire.
 
Si les résultats officiellement proclamés ne sont pas conformes à ceux qui vous sont parvenus via l’observation des élections, comment comptez-vous réagir ?
 
Nous sommes engagés pour la vérité des urnes. Notre seul boss, si vous permettez ce langage, c’est le peuple tchadien. Personne n’a le droit de travestir sa volonté. Ni l’Ange, ni le gouvernement, ni l’armée, ni personne. Les Tchadiens savent qu’aucune des élections passées n’a été crédible. C’est terminé tout ça.
 
Considérez-vous le président de la transition Mahamat Idriss Déby comme le candidat de la continuité ?
 
Ceux qui ont œuvré durant six mandats (d’Idriss Déby Itno) sont ceux qui œuvrent aujourd’hui (derrière Mahamat Idriss Déby). Les Tchadiens savent que le changement, c’est avec nous.
 
Vos quatre mois à la tête du gouvernement ont été marqués par l’augmentation des prix du carburant, les coupures d’électricité et la mort de l’opposant Yaya Dillo, tué par l’armée dans le siège de son parti. Ce bilan ne risque-t-il pas de vous desservir ?
 
Depuis l’indépendance, plus de 90 % des Tchadiens n’ont jamais vu l’électricité. Je suis premier ministre d’un pays dont la capacité énergétique équivaut à celle d’un supermarché. Il est temps que cela change, n’est-ce pas ?
 
Mais les Tchadiens savent que ce n’est pas en soixante jours que je vais mettre fin à soixante ans d’obscurité. Ils savent aussi que certaines des actions que j’ai menées ont fait l’objet d’un sabotage organisé. Sans doute, certains espéraient que cela saperait ma popularité
 
Comptez-vous revoir les alliances internationales du Tchad, notamment la coopération militaire avec la France ?

Quel est le Tchad que je veux construire pour demain ? Un Tchad ami du monde, mais un ami exigeant qui veut pouvoir sortir de la misère dans laquelle de mauvais dirigeants l’ont maintenu durant des décennies. De leur propre aveu, ces mauvais dirigeants ont été imposés par la France, donc nous devons corriger cela.
 
Je suis d’une génération complètement décomplexée en la matière : la France doit être exigeante avec elle-même pour ne pas sortir du cœur de mon peuple et de celui des peuples africains en général. C’est aussi cette Afrique, ce Tchad-là, que j’incarne..

Source Le Monde | Carol Valade

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