Vendredi, Octobre 10, 2025
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DÉCRYPTAGE - Le chef d’État, qui a imposé un report de la présidentielle, est à la recherche d’un candidat plus crédible que son actuel premier ministre.
AMANUEL SILESHI/AFP
Les défections se poursuivent dans l’entourage du président Macky Sall, après sa décision de reporter l’élection présidentielle au 15 décembre 2024. Ce mardi, la ministre d’État et présidente du Comité national de l’initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie), Awa Marie Coll Seck, a été la deuxième à démissionner au sein du gouvernement, après le ministre secrétaire général, Abdou Latif Coulibaly.
 
Le premier ministre, Amadou Ba, figurera-t-il bientôt sur cette liste ? Au-delà du statu quo publiquement affiché, les relations sont confuses entre Macky Sall et son dauphin, qu’il avait pourtant désigné pour lui succéder comme candidat de la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY).
 
En septembre 2023, la décision du président avait suscité des remous au sein du camp présidentiel, certains membres estimant qu’Amadou Ba manque de légitimité politique. À tel point que plusieurs personnalités, dont l’ancien premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne et l’ancien ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye, avaient déclaré leur candidature dissidente.
 
Parmi les hommes forts fermement opposés à la désignation d’Amadou Ba figure aussi le ministre du Tourisme, Mambe Mbaye Niang, très proche de la famille du président et de la première dame.
 
"À mi-parcours, on a remarqué une désolidarisation de l’ensemble des militants, la mayonnaise ne prenait pas". Serge Malou, membre de l’APR
À l’approche du 25 février, date initiale de l’élection, les doutes sur les chances d’Amadou Ba de remporter l’élection ont nourri les frustrations au sein de l’Alliance pour la République (APR), parti fondé par Macky Sall en 2008.
 
Les derniers sondages auraient suggéré que le premier ministre arriverait second lors du scrutin. Sa candidature signait alors une défaite que «le parti ne pouvait pas supporter», selon Serge Malou, membre de l’APR et directeur du financement au ministère de l’Agriculture. «À mi-parcours, on a remarqué une désolidarisation de l’ensemble des militants, la mayonnaise ne prenait pas», dit-il.
 
L’ouverture d’une commission d’enquête sur le Conseil constitutionnel, engagée par le Parti démocrate sénégalais (PDS) de l’opposant Karim Wade, dont la candidature a été rejetée en raison de sa nationalité franco-sénégalaise, a signé le rejet d’Amadou Ba par son propre camp.
 
Lors de sa requête, le PDS a affirmé détenir des éléments incriminant le premier ministre dans une affaire de corruption des juges du Conseil constitutionnel. À la surprise de certains observateurs, les députés de BBY ont soutenu l’ouverture de l’enquête parlementaire.
 

Un problème au sommet de l’État

 
«Un premier ministre est accusé de corruption et ce sont les députés de sa propre coalition qui accompagnent les accusateurs pour pouvoir créer une commission d’enquête et, par conséquent, les conditions d’un report de l’élection», s’étonne Babacar Ndiaye, chercheur pour le think-tank Wathi.
 
Ce coup de grâce nourrit les spéculations autour d’une démission prochaine du premier ministre, qui semble de plus en plus isolé politiquement. Mais, pour l’instant, Amadou Ba garde le silence. Aucune déclaration, aucune rancune affichée. «C’est son style, il subit, il pense que les choses vont s’arranger à l’arrivée», opine Aminata Touré, qui a longtemps appartenu au cercle politique proche de Macky Sall, avant de quitter le parti en 2022.
 
Mais pour l’ancienne députée, «Macky Sall va changer de choix, Amadou Ba ne sera pas candidat en décembre». «Au sommet de l’État, il y a aujourd’hui un problème, mais je pense qu’il sera dissipé d’ici peu.
 
Si le président estime que le premier ministre n’a pas fait le travail, il le démettra de ses fonctions», affirme aussi Serge Malou. Mais pour Babacar Ndiaye, Amadou Ba devrait lui-même prendre la parole pour mettre fin aux spéculations et dire «à quel niveau il se situe». Le premier ministre semble avoir repris ses fonctions gouvernementales et a présidé mardi une réunion de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), de quoi remettre en cause l’hypothèse d’une démission imminente.
 
Le groupe parlementaire de BBY tente, quant à lui, d’afficher un front commun et de réfuter l’image d’une coalition fracturée. S’exprimant lors d’une conférence de presse ce mardi, le chef du groupe, Abdou Mbow, a justifié la décision des députés de la majorité de voter pour la commission d’enquête, et réitéré son soutien au premier ministre.
 
«Nous ne pouvons pas accepter qu’on puisse mêler notre candidat à des corruptions. Cela fait partie des motifs pour lesquels nous avons soutenu cette résolution. Parce qu’on le connaît très bien, on n’aimerait pas que demain il soit élu président et qu’on dise qu’il a fait ceci ou cela, il fallait éclaircir tout cela», a-t-il déclaré. «Nous savons que c’est un homme clean, quelqu’un qui est responsable», a-t-il assuré sous les applaudissements des députés installés derrière lui.
 
Quoi qu’il en soit, le camp présidentiel pourrait utiliser les mois à venir pour revoir sa stratégie. Le processus électoral reprendra à zéro. Macky Sall est donc libre de choisir un autre candidat pour lui succéder. La loi votée lundi à l’Assemblée nationale supprime aussi les parrainages citoyens, qui avaient permis à Bassirou Diomaye Faye, le «plan B» du parti d’Ousmane Sonko des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) de voir sa candidature validée par le Conseil constitutionnel.
 
Seuls les parrainages des élus permettront aux potentiels candidats d’être retenus pour l’élection du 15 décembre.

Source Le Figaro 

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