Vendredi, Octobre 10, 2025
MÉDIA D'INFORMATION EN LIGNE | L'AFRIQUE RACONTÉE PAR LES AFRICAINS
Après que la France a mis fin à sa présence militaire au Niger, les États-Unis s’apprêtent à en faire autant, leur approche plutôt conciliante avec la junte au pouvoir depuis le 26 juillet dernier n’ayant pas empêché la fin de leur coopération sécuritaire avec ce pays, par ailleurs aux prises avec la mouvance jihadiste, comme le Mali et le Burkina Faso voisins.
 
Pour rappel, en mars, n’ayant pas accepté la menace de sanctions en cas de vente d’uranium à l’Iran, le nouveau régime nigérien a dénoncé les accords de coopération militaire conclus précédemment avec Washington. Accords qui avaient notamment permis la réhabilitation - à grands frais - de la base aérienne 201 d’Agadez, utilisée par les forces américaines pour des missions ISR [renseignement, surveillance, reconnaissance] menées du sud de la Libye au nord du Nigeria.
 
Un mois plus tard, les États-Unis ont dû se résoudre à annoncer le départ de leurs troupes du Niger, où des « instructeurs militaires » russes venaient d’arriver. Mais ils restaient encore à en définir les modalités. Ce qui vient d’être fait, Washington et Niamey ayant indiqué, via un communiqué commun, avoir trouvé un « accord de désengagement » des forces américaines. Celles-ci, qui ont entamé leur retrait, devront avoir quitté le pays « au plus tard le 15 septembre 2024 ».
 
Les deux parties sont ainsi convenues de mettre en place des « procédures » visant à « faciliter l’entrée et la sortie du personnel américain, y compris les autorisations de survol et d’atterrissage pour les vols militaires ». En outre, des « garanties de protection et de sécurité » ont été données aux forces américaines durant leur désengagement.
 
Pour autant, il n’est pas question pour Washington de rompre avec Niamey. « Le retrait des forces américaines n’entache en rien la poursuite des relations entre les États-Unis et le Niger dans le domaine du développement », est-il affirmé dans ce communiqué.
 
D’ailleurs, l’aide américaine devrait se poursuivre, grâce à un nouvel accord de près de 500 millions de dollars sur trois ans. En attendant, après avoir formé l’Alliance des États du Sahel avec le Mali et le Burkina Faso, déjà en affaire avec Moscou, le Niger a noué une coopération militaire avec la Russie, dont l’influence ne cesse de s’étendre dans la région. Mais la Turquie n’est pas en reste. En janvier 2021, Florence Parly, alors ministre des Armées, avait de nouveau dénoncé les attaques informationnelles menées par Moscou et Ankara contre les forces françaises au Mali.
 
« Il est clair que le Sahel est, comme beaucoup d’autres régions dans le monde et de zones de crise, un enjeu d’influence entre les grandes puissances. Alors certains de ces acteurs, dont il faut souligner qu’ils n’y sont pas engagés militairement, cherchent néanmoins à nous concurrencer. Et c’est dans le domaine informationnel que nous voyons se développer cette compétition », avait-elle expliqué. Et d’ajouter : « Pour citer quelques pays, il y a évidemment la Turquie et il y a la Russie.
 
L’une comme l’autre cherchent à s’imposer, s’infiltrer dans les interstices et toujours à nous discréditer ». L’influence turque dans la région est à la fois religieuse [avec la construction de mosquées et le soutien à certains courants de l’islam proches des Frères musulmans], économique et militaire, comme en témoignent les livraisons de drones Bayraktar TB-2 aux trois membres de l’Alliance des États du Sahel . Mais cette influence a pris une autre dimension au Niger, avec la présence de cinq cents à un millier de mercenaires recrutés parmi les groupes rebelles pro-turcs actifs en Syrie, dont la « Division Sultan Mourad ».
 
Ce n’est pas la première fois que la Turquie a recours à ce mode opératoire : en 2019, par l’entremise de la société militaire privée [SMP] Sadat, elle avait stipendié des combattants syriens alignés sur ses intérêts pour renforcer les troupes du gouvernement d’unité nationale libyen [GNA], avec lequel elle venait des signer des accords militaires. Puis elle en avait fait autant un an plus tard, pour soutenir l’Azerbaïdjan contre l’Arménie.
 
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme [OSDH], les premiers mercenaires recrutés par la Sadat pour 1500 dollars par mois ont été envoyés au Niger dès août 2023, avec la mission d’y « protéger des intérêts et des projets turcs ». Au moins neuf ont été tués, dans des circonstances inconnues. D’après le témoignage recueilli par l’AFP auprès de l’un d’entre-eux, le rôle de ces mercenaires ne se limite pas à la protection des intérêts turcs dans le pays… puisqu’ils seraient aussi engagés contre le groupe jihadiste Boko Haram, actif dans le nord du Nigéria ainsi que dans le sud du Niger et du Tchad.
 
D’autres auraient été « chargés d’une mission à Lomé, au Togo », avance l’agence de presse. « Il n’a pas été précisé d’où venaient les instructions qui leur ont été données », a-t-elle ajouté.
Source Zone Militaire Opex 360 |  LAURENT LAGNEAU

Newsletter

Merci de vous inscrire gratuitement à la Newsletter du Courrier Africain, afin de suivre l'actualité de l'Afrique.
bruxelles media 001

SALON DU LIVRE AFRICAIN

louve 01

L'ACTU EN VIDÉO

Active
Active
Active
Active
Active
Active
Active
Active
Active
Active
Active
Active
Active
Active
Active
Active
Active
Active
Active
Active

ÉconomieTout Lire