Vendredi, Octobre 10, 2025
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DÉCRYPTAGE - La colère germe en Israël, où le soutien à la guerre reste sans faille. C’est surtout de la part des alliés occidentaux que viennent les reproches. Cerné par des puissances plus ou moins hostiles, engagé dans la guerre la plus longue de son histoire, Israël est de plus en plus exposé au risque de l’isolement sur la scène internationale.
 
Anthony Blinken, secrétaire d’État américain, et Benyamin Netanyahou, premier ministre israélien, lors d’une conférence de presse à Jérusalem le 30 janvier 2023. DEBBIE HILL/AFP
 
Comme par un effet boule de neige, les signaux s’intensifient et se multiplient. Au point de semer la colère au sommet de l’État et de faire germer un sentiment d’incompréhension dans la société israélienne, où le soutien à la guerre reste sans faille. C’est surtout de la part des alliés occidentaux que viennent les reproches. À commencer par l’indéfectible ami américain, dont la voix se fait de plus en plus sévère. Vendredi, le secrétaire d’État, Antony Blinken, doit être en Israël, dans le cadre d’une nouvelle tournée au Proche-Orient, la sixième depuis le début de la guerre.
 
L’infatigable diplomate travaille toujours à un accord de cessez-le-feu et à la libération des 134 otages israéliens toujours aux mains du Hamas. Le secrétaire d’État doit atterrir en Israël alors que son pays est en plein changement de pied vis-à-vis de l’État hébreu. Dans un premier temps, Joe Biden a fait preuve de beaucoup d’empathie vis-à-vis des Israéliens, toujours profondément meurtris par l’attaque terroriste du 7 octobre. Alors qu’Israël s’engageait dans la guerre, les États-Unis lui ont fourni un soutien militaire vital.
 
Mais progressivement, la parole du président américain s’est durcie, amenant une distinction entre le soutien inconditionnel à l’État d’Israël et les critiques, de moins en moins voilées, envers son premier ministre, Benyamin Netanyahou, dont le président démocrate ne s’est jamais montré un fervent partisan. Fin février, une centaine de personnes ont trouvé la mort dans un mouvement de foule autour d’un convoi humanitaire arrivant dans la ville de Gaza, lors duquel des soldats de Tsahal ont ouvert le feu.
 
Ce «massacre de la farine» a marqué un tournant. Jusqu’à présent, les remontrances américaines n’empêchaient pas les livraisons d’armes. Cela pourrait changer puisque le président américain exige désormais que les pays recevant un soutien militaire s’engagent à respecter le droit international et à permettre l’aide humanitaire. Israël doit se plier à cette disposition d’ici à dimanche. Une façon très claire, pour les États-Unis, de contraindre leur partenaire à changer la donne dans la bande de Gaza, où l’aide alimentaire ne parvient qu’au compte-gouttes alors que le risque de famine est de plus en plus aigu.
 
Parallèlement, les États-Unis ont annoncé une deuxième vague de sanctions financières contre des colons et des colonies israéliennes de Cisjordanie.
 

Colère contre la communauté internationale

 
Sur ces trois niveaux, diplomatique, militaire et judiciaire, les États-Unis sont suivis par un nombre sans cesse grandissant de pays occidentaux. La Grande-Bretagne, qui a déjà pris des mesures contre des colons, menace désormais Israël d’un embargo militaire qui a été décidé par le Canada - mesure surtout symbolique - mais aussi par l’Italie et les Pays-Bas.
 
À la suite de la France, c’est toute l’Union européenne qui a décidé, lundi dernier, de sanctions contre des colons violents: interdiction d’entrer dans l’espace Schengen et gel des avoirs financiers. Proche allié d’Israël, la Hongrie de Viktor Orban faisait obstacle. Elle s’est finalement pliée aux injonctions européennes et américaines.
 

"Nous sommes tombés d’accord sur le fait qu’il faut éliminer le Hamas. Mais, pendant la guerre, ce n’est pas un secret, il y a eu des désaccords entre nous sur la meilleure ­façon d’y arriver".

Benyamin Netanyahou au sujet de Joe Biden

 
Israël risque-t-il d’être mis au ban des nations ? Fidèle à son image de capitaine solidement campé à la barre du navire, Benyamin Netanyahou se veut rassurant. Au début de la semaine, il a eu une rare conversation téléphonique avec Joe Biden. Dans la foulée, son cabinet a publié une déclaration «aux citoyens d’Israël». «Au début de la conversation, explique Benyamin Netanyahou, nous sommes tombés d’accord sur le fait qu’il faut éliminer le Hamas.
 
Mais, pendant la guerre, ce n’est pas un secret, il y a eu des désaccords entre nous sur la meilleure façon d’y arriver.» Ultime objectif militaire dans la bande de Gaza, la ville de Rafah fait l’objet de dissensions. «Parfois, nous avons été d’accord avec nos amis et parfois, non. Mais au bout du compte, nous avons toujours fait ce qui est vital pour notre sécurité, et cette fois aussi nous le ferons», conclut le communiqué. Dans le gouvernement de Netanyahou, des voix s’élèvent de toutes parts contre la communauté internationale.
 
Proche du premier ministre, le ministre des Affaires stratégiques, Ron Dermer s’emporte ainsi sur X contre «tous ces pays qui se détournent d’Israël et s’en souviendront comme d’un moment de honte. Le ministre des Affaires étrangères, Israel Katz, estime pour sa part que toute mesure prise contre Israël est un encouragement au Hamas. Chef d’un petit parti suprémaciste juif, le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, estime pour sa part que, face aux sanctions contre les colons, la seule réponse qui s’impose est sioniste et consiste à intensifier la colonisation en Cisjordanie.
 
Convaincus qu’ils livrent un combat vital, les Israéliens s’estiment incompris par l’Occident. Dans ce petit pays, tous sont touchés, de façon très proche, par la guerre. Mais inversement, rares sont ceux qui mesurent la profondeur de la crise humanitaire dans la bande de Gaza. «Le public israélien en est à peine conscient, surtout parce que les médias ont minimisé les souffrances des Palestiniens depuis le début de la guerre», remarque le journaliste Amos Harel dans les colonnes du journal Haaretz, un quotidien progressiste.
 
Le fossé de l’incompréhension est de plus en plus profond. Ancien patron du renseignement militaire, Amos Yadlin regrettait vendredi qu’Israël ait endossé «le rôle des Russes», plutôt que celui des Ukrainiens… Près de six mois après le début de la guerre, Israël risque une déroute sur un front essentiel: celui de la communication.
Source Le Monde | Guillaume de Dieuleveult

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