Le Courrier Africain, l'Afrique racontée par les Africains - Colère des agriculteurs : Ursula von der Leyen cajole les paysans européens

Il s’agit d’une large réflexion associant les syndicats agricoles et représentants des communautés rurales ainsi que les industriels, la grande distribution, les consommateurs, les ONG de protection de l’environnement ou encore des banques, et qui aura vocation à déboucher sur un rapport.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la présidente de la Commission a soigné ses invités. Elle a dîné avec eux mercredi soir. Et, jeudi matin, le coup d’envoi formel de ce brainstorming de six à sept mois s’est tenu dans la salle où se réunissent chaque semaine les 27 commissaires européens.

Dans le saint des saints, donc. Elle a tenu à souligner que l’exercice ne sera pas vain. «Aujourd’hui, je tiens à vous assurer que la vision, ou peut-être les conseils ou les recommandations concrètes sur lesquels vous vous mettrez d’accord d’ici à l’été, auront un impact sur le travail des années à venir.»

Les groupes de travail plancheront sur quatre sujets : l’augmentation du niveau de vie des agriculteurs, la compatibilité de l’agriculture avec «les limites de la planète», une meilleure exploitation des technologies et la compétitivité de l’agriculture européenne.

« Il n’est pas facile de parvenir à une vision commune »

En réalité, la probable candidate à un second mandat à la présidence de la Commission, membre de la droite européenne - le PPE -, sait désormais que les questions environnementales, déjà très présentes, ont pris bien plus de relief avec la colère paysanne qui fait tache d’huile en Europe et seront au cœur de la campagne des élections européennes de juin 2024.

Elle n’a pas nié l’importance des tensions à l’œuvre. Bien au contraire. «Il existe une polarisation croissante sur les sujets liés à l’agriculture. Je suis profondément convaincue que nous ne pouvons la surmonter que par le dialogue», a souligné «VDL» tout en admettant « qu’il n’est pas facile de parvenir à une vision commune ».

"Il existe une polarisation croissante sur les sujets liés à l’agriculture. Je suis profondément convaincue que nous ne pouvons la surmonter que par le dialogue"
Ursula von der Leyen

Dans un message posté sur X, Christiane Lambert, chef de file des agriculteurs et des coopératives en Europe et membre du «dialogue stratégique», laisse entendre qu’elle n’a pas l’intention de s’en laisser conter. Si elle se prête à l’exercice, c’est pour «affirmer que les agriculteurs doivent être entendus, car le sentiment d’incompréhension est fort.

Il faut des décisions pour l’agriculture qui est essentielle, stratégique et vulnérable». De son côté, Ariel Brunner, président de BirdLife Europe, a déploré que le groupe de réflexion soit «largement surchargé de représentants intensifs du lobby agricole».

Faire émerger un consensus entre les différents participants sera la difficile mission du président de ce «dialogue», le professeur Peter Strohschneider, qui a déjà mené en Allemagne cet exercice il y a quatre ans. Avec somme toute assez peu de succès, puisque son pays connaît aussi depuis début janvier une mobilisation agricole inédite.

Alors que les partis européens d’extrême droite sont en forte hausse dans les sondages, la présidente de la Commission a multiplié ces derniers mois les gestes à l’égard du monde agricole. Elle a assoupli la protection des loups - bête noire des éleveurs - et a ouvert la voie au recours aux nouvelles techniques génomiques, plus résistantes aux changements climatiques mais qualifiées de «nouveaux OGM» par leurs détracteurs.

«VDL» va devoir continuer à jouer les équilibristes entre le monde agricole, qui refuse de voir les contraintes pesant sur eux se multiplier, et les tenants de règles plus strictes pour tenir les engagements de la conférence de Paris sur le climat.

La présidente est attendue ce vendredi au sommet de Hambourg sur le climat.

Source Le Figaro | 25/01/2024

Photo Ursula von der Leyen va devoir continuer à jouer les équilibristes entre le monde agricole et les tenants de règles plus strictes pour tenir les engagements de la conférence de Paris sur le climat. FREDERICK FLORIN/AFP